Pom po-pom pom pom…

En manque crucial de gars, la patrouille recrute.

vendredi 15 octobre 2010

Camp d'été // PART FIVE // Deuxième semaine









10e Jour
Après la nuit à l'envers, qui dura jusqu'à 4h du matin, on se réveille à midi. Tcheu, c'que ça passe bien.

Ce jour-ci, la lutte entre les expansionnistes, les royalistes et les colonialistes reprit de plus belle. La trève du week-end de patrouille et de la journée des parents est finie. La supériorité royaliste va enfin pouvoir s'exprimer dans…

…UNE JOUTE NAVALE !
(Avec des vrais bateaux, et tout, j'vous jure !)

La construction du navire
Etant donnés nos talents monstrueux pour tout ce qui touche à l'art, nous fûmes enthousiastes et dessinâmes rapidement un croquis des plans. Chef, chef, regarde mon idée !



Petit croquis rapide de nos ambitions.


Devant l'absence intolérable mais manifeste d'un chalumeau, une tonne de rivets et huit cents plaques d'acier dans le matériel à disposition nous dûmes improviser, et le bateau ne comporta même pas de chambre d'ami, c'est un monde, je vous jure.


Petit croquis rapide de nos ambitions après filtrage par les dures réalités de la vie.

Après nous être rendus compte que la poudra à canon manquait, nous eûmes toutes les peines du monde à imaginer un système qui permettrait de pénaliser les autres. La solution finale envisagée fut de dissoudre de fortes quantités de Zyklon B dans la rivière de construire un barrage pour accélérer la force du courant (conséquence logique d'avoir chanté huit cents fois Red River Valley.)
De sorte que, dans ce défilé étroit, au passage du premier navire dans un conduit escarpé bâti de nos propres mains, une feuille de nénuphar se rabatte sur les suivants !
MOUHAhahAHahAHhahAHhahAHahhAHAHAHAHAAAHHA !!!
Vous allez pas le voir venir.


"Bon, les gars, à mon signal, vous tournez la poutre à gauche, Non seulement ça sort les bateaux adverses de la course mais ça dévie complétement le cours de la rivière en direction de la tente Expansionniste. Bon débarras." (En arrière-plan, Iskander le bogoss du Loukoum)

Le combat fut rude. Le cours de la rivière fut eventré par le feu de nos canons. La tempête des colères qui voltigeait au-dessus des vagues semblait faire trembler les embarcations.

Mais malgré tous nos subterfuges, malgré le fait qu'on ait tous soufflé dans la voile de notre embarcation et notre interprétation très personnelle des règles, ce furent les expansionnistes qui passèrent la ligne en en premier.
Pfff. Encore heureux qu'on ait gagné le prix du plus beau bateau.

Progressions : aspirant et deuxième classe :

Tu fais un mètre de moins que moi. Rappelle-moi pourquoi c'est toi qui m'interroges ?

"– C'est quoi la brûlure de cigarette, là ?
– C'était un minaret, mais depuis la votation, ben, on a dû les censurer."

Des lois de l'Eclaireur sont scandées de droite et de gauche par des scouts comptant sur leurs doigts pour ne pas en omettre le moindre article. Des mains malhabiles torturent de la ficelle jusqu'à en faire des noeuds. Noeuds qui, soit dit en passant, devaient sans doute être plus utile lors de la glorieuse époque de la marine qu'ajourd'hui, date à laquelle le Charles de Gaulle est en panne parce que, heu, on sait pas. Bon, je ne sais pas quand vous lirez ces lignes, mais je prends pas trop de risque en disant que ce porte avion colmaté à la patafix© est en panne.
Mais bref, on aime les noeuds, quoi.

Les journées de la progression sont par contre l'occasion d'un bel élan de fraternité scoute, notamment dans le domaine des tricheries pluriséculaires. Genre "Hah oui, moi pour mon badge feu, quand je devais l'allumer sous la neige, j'avais deux litres de gasoil" ou "roh, tu sais, prépare des brindilles bien sèches histoire de passer l'épreuve "feu" de ton aspirant. T'es pas censé, mais voilà". D'autant plus qu'une fois que le badge est cousu sur votre chemise, c'est ir-ré-ver-sible, vous pouvez vous lâcher et raconter le fin fond des tricheries auxquelles vous vous êtes livrés. La prescription est de douze secondes, en moyenne.

Mais il est un autre cadre au sein duquel les astuces circulent sans borne, c'est l'apprentissage purement théorique :

La loi de l'éclaireur :
Fatal easy, vous dira-t-on, dix articles, pour le moins courts, pas dur à retenir. Mais un peut d'aide est toujours la bienvenue. Exemple : le septième article c'est "l'éclaireur sait obéir", mnémotechnique intéréssante : il suffit de penser "l'éclaireur sept obéir". Ou le huitième c'est "l'éclaireur est vaillant, il sourit dans les difficultés." Mon truc, du coup, c'est de penser au chiffre huit, soit, mais en chiffre romain : VIII. VIII/ VaILLant, ça me fait toujours tilter.

Que… Quoi ? Ah, ça n'intéresse personne, bon d'accord.

Autre aspect : la vie et l'oeuvre de la brigade :
"Bon, là c'est moins dur. Par exemple, la couleur des foulards. Perceval ? Bon, t'es un peu con vu que tu l'as autour du cou, mais passons. Durandal, c'est noir, parce que ce sont des gros sales. Caravelle c'est blanc, inutile de pérorer sur la quantité de blancheur qui se déverse sur elles en tous temps. Drakkar, on s'en fout. Et Duncan, c'est bordeaux parce que c'est moche."

11e Jour
On tousse, on crachotte, on s'étrangle la moitié de la nuit, on a la crève, on se mouche sans cesse. Je commence à comprendre ce qu'endurent les dauphins, qui sont forcés de penser à respirer.
C'est bien simple, pour éviter d'étouffer dans ma propre morve (ce qui serait une mort inconvenante et difficile à expliquer à l'assurance) je suis obligé de me mettre moi-même en PLS.
Il semblerait qu'une attaque bactériologique ait fini par venir à bout des systèmes immunitaires de la tente Royaliste. Le manque d'hygiène se fait sentir. Les pustules sont monnaie courante.

Là c'est un inconscient qui se lave AVEC DE L'EAU. Beuh, pas hygiénique, ça non plus.


Là c'est Thibault qui atténue un peu sa crasse. Ca, c'est une bonne méthode, par le feu. Et puis, un bon cuistot doit se rendre compte de l'état de son four.


"Aère la tente, histoire que les miasmes monstrueux qui l'habitent s'évaporent un peu."



J'en profite pour montrer la magnificience de la tente Royaliste, turgescente entre les arbres. Et son magnifique système de défense à base de tas de branches. Boh, non, ça n'a rien à voir avec l'hygiène, mais je fais ce que je veux, dîtes donc.


Être malade en camp, c'est le pire(une phrase que Mengele n'aurait pas désapprouvé). Par ailleurs, Moret a été évacué vers l'hôpital pour cause d'une blessure infectée. Au rythme où vont les rumeurs, demain, on affirmera qu'il a été mordu par un chacal à trois têtes. Iskander est parti ce matin, aussi. Les tentes se vident. Quand le soir venu, on empoigne les épaules de nos voisins pour la prière Tchèque, on sent le feu nous calciner la face.
Ben oui.
Le cercle rétrécissant, on est de plus en plus proches des flammes.




12e Jour :
Toujours malade. Pas eu le coeur de m'adonner à un de nos sports les plus fameux : l'escrime avec des grosses masses en mousse synthétique !

Oui, là normalement, je dois mettre des photos mais j'en ai pas donc, vous imaginerez, pour l'instant.

Pierre ne fait pas la vaisselle et prend des photos de la chevalerie pendant qu'elle oeuvre à la propreté des gamelles et ustensiles du camp.
Corbeau renacla : "Bordel de chiotte Palsambleu, Pierre, tu te fous de qui ? Ben puisque ça te fait marrer, tu feras toute la vaisselle tout seul, demain."

Puis chacun entendit un coup de klaxon. Notre CT nous apprivoisait quotidiennement ainsi, faisant la navette entre le camp et la civilisation. Mais pour ne pas offenser la nature, il garait sa caisse à l'orée du bois, où nous allions la décharger.


Exemple ici, les poutres qui permirent de construire la table et la tour. Et Pierre ? Boh, on pensait que la proximité avec des scies permettrait un heureux accident, mais non.

Justement, Pierre, comme tout le monde avait répondu à l'appel du klaxon et revenait avec la moisson de nourriture M-Budget, à pleins sacs. Il souriait, ce qui semble étonnant pour quelqu'un qui vient d'être accablé d'une corvée de vaisselle générale.

Mais la réponse se trouvait dans les sacs. Demain, c'était pizza.



13ème jour
Les différentes péripéties de la vie nocturne, telles qu'organiser les jeux, s'interroger sur le sens de la vie et admirer le lever du soleil ne laissent souvent aux chefs que 3 heures de sommeil.

C'est un lever de soleil. Non, mais on sait jamais, des fois que vous êtes daltonien.

C'est donc dans une allégresse amplifiée que je pus apprécier huit bonnes heures de sieste sans que ma maladie ne m'empêche de sommeiller. Je me réveillais dans le calme, sans mégaphone et sans cris médiévaux. La pluie crépitait sur la tente. Chaque goutte me rappelait que j'étais bien au chaud dans mon sac de couchage bien sec et propre. Enfin, non, pas propre, faut pas abuser.
Dormir c'est cool, en fait.


Le gars épileptique hyperactif dit :
Non, c'est Has Been, moi j'ai du Rockstar !




Nous y voilà. Il y a quelques années encore, on percevait ces energy drinks comme de la drogue, maintenant c'est tendance(quoique bon, la drogue aussi). Remarquez qu'en tant qu'amateur chevronné de thé, je serais bien peu crédible à cogner sur ce concentré de caféïne. Mais bon, la caféïne, ça remplace le sommeil, jusqu'à un certain point, au-delà duquel votre coeur se met à jouer du jazz et votre transpiration vire au vert fluorescent, ce qui est mauvais signe, d'après mon Thilo, appendice 226-b, alinea 3, section "caféines et stimulants cardiaques".

Et certains abusent apparemment. Mais bref, je racontai le réveil doucereux au matin du 13ème jour. On se lève en s'étirant et on voit un soleil éclatant qui sèche les feuillages alentours. On est ravi par un petit matin d'été, quand le soleil vous chante au coeur, bref. L'humidité et le froid constants auront au moins cessé ce matin.
Mais un quart d'heure après, il pleut à nouveau, puis re-soleil, puis re-pluie. Toute la matinée, des un ciel parsemé de nuages défila au-dessus du camp, y crachant çà et là de petites giboulées, dans une lente roulette russe météorologique : lequel de ces cumulo-nimbus va finalement nous pisser sur la gueule ?
Finalement, un de ces édredons de cristaux liquides, chargé comme une panse de brebis prête à éclater couvrit le ciel jusqu'à l'horizon.
Enfin l'averse éclata, diluvienne comme la mousson, emportant tout, délavant tout, déprimant tout le monde.

On s'élance instantanément en dehors de l'abri pour creuser des dizaines de tranchées, immédiatement remplies, pellant et piochant avec une vigueur forcée. Pfouh.

Seul Epervier semble apprécier cette petite bruine qui lui rappelle la saison chaude de sa Sibérie natale.

Note : Le 13e jour vit également le retour du Flan-ta-face, mais les photos pouvant choquer, ce n'est pas ici que vous les trouverez.

Après ce fut l'heure des déconstructions. Oui, on devrait dire destructions mais on dit déconstructions. Quoi de plus jouissif que de mettre à terre de complexes assemblages de poutre d'un simple coup de hache.

On a viré la tour et la table, je vous le dis, on essaye d'effacer les oeuvres des Vautours, c'est de la censure. Par contre la tour fut particulièrement difficile à enlever, du simple fait qu'enlever ce gros clou, là, ça faisait que vous tombiez.

Anciens CPs Vautour 1 - Gravité 0



14e Jour
Voilà. Deux semaines déjà. L'existence ici a des airs d'éternité, mais c'est, bien sûr, passé si vite. C'est déjà fini. Le jeu avait plus ou moins foiré à la fin de la semaine à cause des multiples interruptions qui l'assaillaient.
On efface nos traces. Toutes les poutres et planches finissent dans un grand brasier. Et le feu sert à sécher les carrés qui composaient l'abri ou la cuisine. Le décor se replie, on brûle les costumes et les comédiens s'apprêtent bientôt à quitter la scène…

Demain, c'est la marche de fin de camp, avec sac à dos, jusqu'à Lausanne.
Je dois admettre que le Thilo est rempli de force niaiseries mais, néanmoins, sur cette phrase-là, je ne le désavouerai pas :

A la fin du camp tu ne sauras peut-être plus très bien lequel de ces sentiments l'emportera : la joie de rentrer à la maison ou l'envie de prolonger le camp.

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