Pom po-pom pom pom…

En manque crucial de gars, la patrouille recrute.

lundi 23 août 2010

Le Gourdball expliqué à vos mamans.



Votre maman ne vous laisse plus aller aux scouts qu'à contrecoeur depuis que vous en revenez toujours plus couverts d'ecchymoses et d'écorchures ? Vos vêtements en lambeaux lui déplaisent (alors que vous lui faîtes faire de substantielles économies de lessive en les portant trois mois d'affilée) ? Elle ne supporte plus que vous vous adonniez à ce "sport de sauvages" qu'est le Gourdball ?


Principes de base : description d'une partie.


On désigne un terrain, de préférence plat, sur lequel deux foulards sont placés à distance raisonnable. C'est d'ailleurs la seule chose raisonnable qu'on peut déceler dans ce jeu. Deux équipes sont ensuite désignées, d'une façon ou d'une autre (on a nos méthodes). Puis, c'est au tour de la balle d'apparaître au grand jour : souvent une balle de rugby, parfois une gourde, une bouteille en PET, un sapin ou un louveteau, parce qu'il faut bien rire, non mais.

Ensuite, la vindicte populaire va assigner une étiquette d'arbitre à l'un des chefs présents. En réalité, dans l'esprit de tout le monde, son nom c'est "La-feignasse-qui-a-peur-de-se-faire-mal-alors-il-joue-pas". En effet, "arbitre" est ici un mot creux : il ne saurait être question de véritables restrictions dans le Gourdball (Oui, avec majuscule, tas de cons) et donc pas d'arbitres, au sens propre du terme. Ce serait comme vouloir installer un détecteur de fumée en enfer. Tout au plus, ce sinistre personnage tient-il le rôle de maître de cérémonie, déplacer la balle, tout ça. Par ailleurs, la règle d'or, en matière d'arbitrage, c'est "y'a pas faute".


Chaque équipe se voit assigner un foulard derrière lequel elle va se placer. A égale distance des deux factions, l'arbitre va lancer la balle en l'air et se mettre à l'abri. Il a bien raison, parce que dès que la balle a touché terre, GO ! C'est le signal pour ces deux tas de musculatures de s'élancer l'un vers l'autre au ralenti sur de grands airs du Carmina Burana. Même cible, même objectif pour les deux cohortes : la balle.


Une fois qu'ils l'ont leur but, je ne le répèterai pas, c'est de


METTRE LA BALLE DANS LE FOULARD ADVERSE


On doit l'y plaquer entre la main et le sol. Interdiction de la lancer ou de la poser avec une autre partie du corps, ou de déplacer les foulards, ou encore de se coucher dessus.




Le gars qui a rien compris dit :


Hah ! Mais comme y'a pas d'arbitre, qui c'est qui va faire respecter ces règles-là, gros malin ?



Ben c'est simplement que si vous les enfreignez, vous vous faîtes déloger de votre situation frauduleuse à coups de genoux dans la tronche, c'est vous qui voyez, gros malin. C'est un peu le concept de la dissuasion nucléaire : ne trichons pas et peut-être que certains en sortiront vivants.


Variantes

Selon la date ou l'humeur, on joue diverses variantes afin de coller à l'ambiance.


Snowball :

Moment adéquat : Noël.


Se joue dans la neige avec un sapin en guise de balle. Les épines écorchent la paume des mains, y creusant des sillons qui permettent aux engelures de pénétrer plus profondément. C'est un truc de Durandal, quoi. Si, sur le terrain, y'a une vieille souche pour s'empaler dessus c'est encore mieux.


Bloodball :

Moment adéquat : à la fin du camp d'été Perceval.


Tradition Perceval. Se joue dans un terrain de ronces et d'orties. Les règles en sont assez tristes. Quand c'est votre premier camp, vous n'avez le droit qu'à un caleçon et à vos chaussures. Le but, semble-t-il, c'est de répandre notre ADN par les champs. Des tonnes de ronces doivent encore avoir un goût de sang assez particulier qui doit attirer nombre d'animaux sauvages. Cette pratique est déconseillée par tout bon médecin, étant donné que se blesser là où a giclé le sang de tout le monde est aussi prudent que de boire dans les seringues de Jo, qui habite place de la Riponne numéro… Ah ben non, place de la Riponne, tout court.


Bref, on prie pour que personne n'ait l'Hépatite A, le Sida où que sais-je encore.

Et puis l'année prochaine, j'ai droit à un t-shirt, je crois. Ca m'évitera de m'écorcher les tétons.



Rubiksball :

Moment adéquat : Quand le Rubik's Cube est de nouveau à la mode.


Il s'agit d'utiliser une Rubik's Ball (voir photo) en guise de balle. Il faut la compléter avant de marquer un point, c'est pourquoi la défense a intérêt à le mélanger. A ma connaissance, on n'y a jamais joué. On est pas fous, non plus.


Le porte-drapeau :

Moment adéquat : Quand les petits sont trop chiants.


Chaque équipe désigne un joueur, généralement le plus petit et le plus chiant (Étonnamment, ces deux propriétés se donnent souvent rendez-vous dans la même personne) pour être le porte drapeau. Il porte un foulard, le reste de l'équipe, non. Ce joueur, c'est la balle. Il faut le porter pour le plaquer dans une zone définie. Au contraire d'une balle de rugby ou d'une bouteille de PET, le porte-drapeau ne reste pas tranquille et s'enfuit, ce qui ajoute du piquant.



"Bon, c'est fini de nous soûler avec tes règles à la con ? On va enfin pouvoir se foutre sur la

gueule, oui ou merde ?!"




L'origine du jeu


Quoiqu'elle se perde dans les tréfonds des débuts du scoutisme, il est une histoire qui court sur les lèvres de chacun, sans qu'il puisse avec précision expliquer d'où il la tient. Deux éclais se disputaient la proprieté d'une gourde, sous le regard fatigué de leur chef. Celui-ci, plutôt que d'écouter un passionnant étalage d'arguments pour ensuite juger avec équité, voulut se faire Roi Salomon, et utiliser une méthode choc pour trancher. Il leur ordonna de mettre foulard à terre et de se placer derrière.

Ensuite de quoi, il lança la gourde et annonça qu'elle serait au premier qui la ramène à son "goal".

Seulement voilà, dans l'urgence et la fatigue qui marquent chaque instant de l'apostolat d'un CT (voire CP) il avait oublié de promulguer les lois usuelles qui limitent habituellement nos débordement physiques : "pas de coups", "rangez vos couteaux", "étranglements et luxations sont interdits" ou "les fractures on aimerait éviter, merci bien".

Mais surtout il avait oublié de préciser que les combattants devaient se débrouiller seuls. C'est pourquoi leur camarades, surgissant des horizons simultanés, se joignaient désormais à l'étalage de barbarie qui entourait la flasque.

On ignore quel bégaiement du sort les a fait répéter l'expérience (J'imagine qu'ils avaient tous des gourdes identiques dans cette troupe) mais toujours est-il que la contagion avait pris et que l'infection se répandait désormais : le Gourdball (toujours avec majuscule, 'spèce de débutant) était né.


C'est du moins ce que prétend la légende.

Nan, je déconne, je viens d'inventer absolument tout ça. Mais vu la complexité du jeu (hum) il serait improbable qu'on l'ait créé volontairement.


Plus sérieusement, notre sport national serait issu de la soûle, une espèce de rugby embryonnaire médiéval qui eut beaucoup de succès en France sous l'Ancien Régime. En dépit de son nom, la soûle n'est pas un jeu à boire et on n'y trouve aucune gonzesse ivre. Enfin, en temps normal. Un match réunissait les hommes valides de deux ou trois villages adjacents. Souvent, on y jouait avec une balle de chiffons. Notable différence : au lieu d'avoir deux goals, un pour chaque équipe, elles doivent toutes deux marquer au même endroit. Vous imaginez les conflits que ça peut engendrer quand deux joueurs plaquent la balle simultanément. Le jeu était également plus violent (J'entends déjà les anciens de la brigade ricaner et râler : "ben moi, de mon temps, le Gourdball c'était autre chose que vos passes de tapettes, là. Alors ça m'étonnerait que ton truc médiéval ce soit plus violent.") et il n'y avait pas de frontière entre joueurs et public, vous pouviez entrer en jeu à tout moment.

Le match prenait fin quand il n'y avait plus de joueurs valides en jeu. Nous sommes légèrement plus civilisés. Nous, c'est l'heure du goûter qui vient clore les festivités.


Plaidoyer pour un noble sport : le Gourdball


I. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort (ou paraplégique, si t'as pas de chance)

Bon, d'accord, vous venez de vous fracturer le bras sous l'action conjuguée de votre pote, de son élan inconsidéré et de la gravité, soit. Mais cessez de geindre un peu et songez que votre humerus se ressoudera plus épais qu'avant ! Ainsi, grâce à une chute malencontreuse je peut m'enorgueillir d'avoir une rotule droite plus large et plus épaisse, ce qui me fournit un intarissable sujet de conversation pour aborder des inconnues dans la rue.


II. La douleur est une information

…Et les informations, on sait le crédit qu'il faut leur accorder, hein ? Dîtes-vous que votre corps, c'est un gros blagueur, un gars qui dramatise tout le temps, qui exagère, un racaillon marseillais. Et les influx nerveux qui vous font croire que vos muscles sont déchirés ou que le contrôle de votre bras vous échappe (notamment parce qu'un adversaire, dans un excès de zèle vous a arraché ledit bras avec les dents) sont aussi crédibles que les affabulations d'un vendeur d'aspirateurs.


III. La souffrance comme mode exploratoire du corps

Souvent, au plus fort du massacre de la partie, vous avez mal à des parties de votre corps dont vous négligiez jusqu'à l'existence. Quand vous avez été piétiné par toute une troupe de la BM, il est beaucoup plus facile de compter vos côtes et dénombrer vos vertèbres : vous les sentez.

Bien entendu, il arrive que, ivre d'adrénaline et de vitesse, votre conscience de votre propre corps s'efface. Et, quand vous retrouvez votre lucidité, une fois le point marqué, il se peut que l'inventaire de vos organes laisse transparaître une carence d'une ou deux jambes. (Nous rappelons qu'une très sérieuse étude, menée je-sais-plus-où mais probablement aux Etats-Unis, affirme que le nombre idéal de jambes se situe au alentours de deux. Plus précisément 2,017 d'après les résultats de l'étude.)


Un exemple récent de ce genre de personnes qui se surpassent, par une sorte de transe, leur condition bassement matérielle, c'est Husky, dernièrement. A la St-George, en fait. Après s'être explosé la jambe sur Julien Moret, comme un ouragan s'écrase sur l'Himalaya (ledit Moret n'ayant presque pas bougé, malgré le choc, c'est lui, l'Himalaya). Husky a encore parcouru cinq mètres à une cadence peu banale avant que je ne tente de l'arrêter. Après quelques secondes de mêlée, il s'effondre à terre, inquiétant l'assemblée.

Sa jambe sclérosée, qu'il tentera d'apaiser par des flots d'analgésique, le gênera sur la longueur. Après les trente et les cinquante kils (Formation CP. D'ailleurs Husky, si tu passes par là, tu penses qu'un ou deux articles sur cette volée de la formation CP, ça peut intéresser des gens ?) il s'avouera vaincu et ne tentera pas les cents kils. Il semble d'ailleurs poursuivi par une étrange malédiction qui l'empêche de prendre part à cette compétition. Mais l'année prochaine , nul doute qu'il y participera et, espérons, entrera au panthéon des vainqueurs de cette épreuve.



Le gars qui a rien compris dit :


C'est qui Husky ?


Si tu es un Perceval, tu devrais avoir honte d'avoir posé cette question, d'ignorer les remous des totemisations qui prennent forme chaque été. Gageons que vous êtes d'une autre faction, histoire d'épargner votre vie. Husky est le totem d'Hervé, CP Lynx PVL de son état, mais pas tout à fait encore, parce que ça a pas été dit officiellement.


Mais bon, vous pourriez vous informer, quand même.




Le gars qui a rien compris dit :


Ouais, mais avant on pouvait les lire dans la Cloque les totémisations, et là on nous en promet une depuis des siècles et pis on a que dalle. Han ! Les chefs ils sont tous nuls.



Ah mais non, tu n'as rien compris, ce n'est pas de la faute des responsables (j'adore cette phrase : "ce n'est pas de la faute des responsables". Tellement absurde). C'est VOTRE faute, à vous les gars, les sans-responsabilités qui auraient tout le temps pour écrire des articles de qualité pour remplir la Cloque. Là, notre journal est creux, exsangue, livide. Oui, livide, car rempli de pages blanches et de fichiers Word vides.




Le gars qui a rien compris dit :


Ouais mais toi t'en a plein des articles sur ce blog, ils ont qu'à les foutre dans la Cloque.


Au-delà de problème éditoriaux lié à mon style et mon humour, ils disent qu'ils sont trop longs.




Le gars qui a rien compris dit :


Heu, des articles trop longs pour un magazine vide... J'veux dire, c'est pas comme si ils manquaient de place, je croyais qu'on avait justement pas d'articles.



Malgré tes handicaps, tu mets le doigt sur un sujet qui me laisse perplexe. Mais bref, Il est temps de clore cette parenthèse et d'achever cette dissertation sur le Gourdball.



IV. Le Gourdball est un sport

Et il semblerait que le sport compte parmi les rangs des forces du bien. Le sport, c'est la santé, dit-on.



Épervier dit :


On dit aussi que le travail, c'est la santé. Tu sens pas l'arnaque ? Genre "mange tes épinards et tu seras fort comme Popeye". Saleté de propagande.



Épervier, pas de mauvais esprit, s'il te plaît.


Excepté Churchill, qui survivait uniquement parce qu'il s'est embaumé à force de brandy et de cigares, et Épervier (qui, d'après les gens qui ont eu à subir ses services, n'a pas de coeur) les êtres humains doivent optimiser leur système circulatoire (poumons + coeur) s'ils veulent prolonger un peu leur vie au delà des cinquante ans.

D'autre part nous recevons régulièrement des fonds d'une mystérieuse loge franc-maçonnique organisation sobrement baptisée "Jeunesse et Sport".

Pour la jeunesse on fait ce qu'on peut mais, mine de rien, nos vertes années filent déjà à l'horizon, comme autant de météores et les années s'entassent au compteur de nos patrouilles. On n'a pas le temps de se retourner que les charmants bambins qui emplissaient nos rangs ont pris huitante centimètres, du poil au menton, et qu'une voix de baryton a chassé les harmoniques lutines de la douce mélodie nasillarde qui s'échappait jadis de leurs lèvres.

Donc côté jeunesse, tout fout le camp. On essaie de rattraper ça côté sport ?



Épervier dit :


Naaaaaaaaan !!!


Eeeeh si. Et l'été prochain j'vais convaincre certains de mes gars de faire le badge sportif. Ils viendront te chercher jusque dans ton lit, Épervier, même les murs de la tente chef ne te protégeront pas. Ils te feront t'agiter en rythme dans la fraîcheur du matin, faisant crisser tes muscles rouillés par l'inactivité. Mouahahahah.


Bref, dernier point, sur lequel je conclurai.


V. Le Gourdball est un VRAI sport

Au contraire du football, les meilleurs gourdballeurs ne sont pas transferés de brigade en brigade pour des sommes mirobolantes.

Et, au moins, quand on voit un mec se tortiller de douleur par terre, on sait que c'est pas juste pour avoir un penalty.



Post-Scriptum :

Je cherche activement des photos de parties de Gourdball pour illustrer cet article. Si vous en avez des chouettes, faîtes les moi parvenir par ce mail, je vous en serai très reconnaissant.

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