Pom po-pom pom pom…

En manque crucial de gars, la patrouille recrute.

dimanche 29 août 2010

Camp d'été // PART TWO // Première semaine : le jeu !









3ème jour...Le début du jeu...




"Debout, sales gueux !"


Le cri guttural qui traversait la glissière de la tente cuistot émanait d'un écuyer pimpant de costume et qui brandissait une masse en mousse. Il frappait de droite et de gauche les grosses limaces que nous étions, empêtrés dans nos sacs de couchage. Le réveil médiéval finit par nous extirper de nos couches et nous persuader d'enfiler nos oripeaux, nos tabards et nos épées en plastiques. Nos blasons claquèrent dans la lumière paresseuse du matin tandis que, le ventre vide, les trois factions se faisaient face.


Le Roi Jonc, fils de Teup' (haha), s'adressa à nous et nomma nos camps : Royalistes (qui défendent le Roi, ça, c'est nous ! REPREZENT !) expansionnistes (qui veulent s'étendre vers l'ennemi pour conquérir de nouveaux territoires) et colonialistes (qui veulent, euh… s'étendre vers… L'ennemi pour, euh… Conquérir de nouveaux territoires ? Ah ouais, tiens).


La tente des expansionnistes. Normal.

De quoi, propagande ?


D'après mon carnet (aussi précis qu'un calendrier maya), ce fut ensuite l'arrivée de Jules, qui put nous aider à accomplir les missions d'escorte, qui consistaient à protéger un CTA des jets de pives. La journée fut riche en cubix (pas la moindre idée de comment ça s'écrit) ou en écus, enfin, ce n'est pas très important parce que c'est juste le surnom qu'on donne à de petites rondelles d'acier, la monnaie officielle du camp. Les quêtes auxquelles on devait se livrer pour gagner notre pactole se révélaient parfois dangereuses.

Une des préférées des CTA : demander à ce qu'on ramène un objet appartenant à l'un de leurs deux autres collègues, source inépuisable de conflits. Hervé et Corneille luttèrent pour la possession de la dague d'Epervier, délit dangereux à bien des égards. Déjà parce que tenter de s'arracher une dague des mains, c'est comme donner du laxatif à un éléphant, c'est jouer avec des forces qu'on ne contrôle pas. Et ensuite, parce qu'Epervier est un génie du mal, ne lui volez pas ses affaires, il vous le fera regretter. Il connaît des techniques de torture qui font mal au cul comme toute une nuit dans la tente Vautour.

Ou alors, vous pouvez jouer la carte de la subtilité, exemple :


"– Tiens Epervier, Chouette m'a dit de te remettre ce mot", lui dis-je. "Oh, tu n'as plus ta dague", ajoutai-je innocemment en voyant le fourreau tristement vide accroché à son flanc.

"– Ouais, c'est corbeau qui donne des quêtes stupides. Récupérer mes effets personnels. *grommellements* mériterait de *grommellements* Stalingrad.

– Oh. En parlant de ses quêtes, tu me prêterais ta montre ?

– Euh. Pourquoi ?"


Euh. Oulah. Euh, je sais pas euh, improvisation totale. Convaincre, convaincre !

"– Ben, je dois chronométrer précisément le temps que quelqu'un passera aux toilettes, pour une quête de lui, justement."


Silence tendu.


"– Haha. Pas mal, comme quête. Okay, tiens."


Dix minutes plus tard, Corbeau cherchait à comprendre comment j'avais réussi à récupérer la montre d'Epervier sans dommages(il n'eut aucune peine à la reconnaître, vu l'Ordre Impérial et Militaire de St-Georges qui était accroché au revers du cadran), Corneille arborant lui-même une sévère entaille au bras en vestige de la lutte associée à son larcin.


*

* *


Il arrive que, pour remplacer le dessert et repousser la vaisselle, la fin des repas s'accompagne d'exercices facilitant la digestion et vivifiant le corps et l'esprit.


Le gobage de flan par exemple.


Gober des flans : un sport inventé par la Fédération Mondiale des Manchots. (le joueur à droite a été disqualifié pour possession d'une main.)


La haute spiritualité dont faisaient preuve Loic/Hyène, Marc-Henri/Rat et Lucien/Coyote déteignait sur la Troupe. C'est là que l'ancienneté est utile. Quand vous quittez une institution telle que la patrouille Vautour, ils vous reste des droits intemporels notamment celui de revenir et de ruiner le peu d'éducation que vous avez instillé à vos gars.

Chacun tentait de s'envoyer un flan dans l'oesophage sans passer par la case "dents". Mâcher étant décreté superflu, tous se catapultent leur dessert au fond du gosier sous les "OOOOooooh PO-PO-PO !", les "WAKA-WAKA" et les "FLAN TA FACE ! FLAN TA FACE !" de leurs camarades.

Moi, je devais faire ma chevalerie, mais j'ai pu assister au spectacle en me déguisant en canette de Red Bull vide. Difficile de passer plus inaperçu. (Enfin, j'ai failli être ramassé par un badge écolo, mais passons)


"– …Et là le mec, il dit au téléphone : "Il t'a GOURDIN ta MOMIE ?"

– Quoi ?

– Ben ouais ça veut dire " il t'a piqué ta meuf".

– Je sais pas ce qui est le plus bizarre. Qu'il connaisse le mot "gourdin" ou qu'il l'utilise dans un sens complètement hors-sujet.

– HÉ, LES GARS, VENEZ !"


L'appel provenait de la tour Perceval que les anciens avaient construite.



L'utilité de ce portique à l'entrée du camp, n'était pas évidente. Tout comme la tour Eiffel, on l'avait bâtie uniquement pour la performance. En effet, la tour Eiffel était censée être détruite après l'exposition universelle de 1889, et que tous les touristes se soient extasiés : "Wah, balèze, vous savez entasser du métal, tiens, je vais vous acheter des trucs, du coup". C'est l'antenne de radio installée à son sommet qui l'a fait survivre. De même, lorsque quelqu'un avait proposé de nous abaisser encore plus sur l'échelle de la dignité :


"– Eh, chiche de rattraper le flan du haut de la tour !"


Tout le monde a accouru, content de trouver une utilité à la construction. La clameur montait :


"…FLAN-LA-TOUR ! FLAN-LA-TOUR ! FLAN-LA-TOUR !"




Pierre se proposa le premier, tête en arrière, bouche béante.

"– Mais… mais… Tu peux pas faire ça !

– Pourquoi pas ?

– Ben, c'est con, salissant et pas hyper bon pour la digestion.

– Comme beaucoup de choses qu'on fait dans les tentes. J'y vais.

– Attends !

– Quoi encore ?

– Enlève ton t-shirt Vautour, peut-être."


Un murmure général d'assentiment se fit entendre : nos t-shirt étaient définitivement trop classes pour qu'on les laissât se salir. Une fois le t-shirt mis en lieu sûr (on rapporte qu'il continua d'étinceler d'une sorte d'aura, même détaché de son propriétaire) Pierre tendis la machoire en direction des cieux, l'oeil aux aguets et les bras gigotant inutilement dans ses efforts pour viser le flan qu'on venait de larguer dans sa direction.

L'espace d'un instant interminable, on crut que le projectile visqueux n'atteindrait jamais sa cible, puis…


Ah ben non, en fait, ça a foiré. Il s'est pris une belle façiale. Le dessert explosé dégoulinant sur le bisage, les yeux encrassés de sucre et de la sauce caramel suitant jusque sur ses clavicules, Pierre titubait au milieu du cercle de rires.


Bel effort, tout de même.


4ème jour : Arènes PVP (Pleilleur Véhèsse Pleilleur)

Dans une arène fermée par une ficelle entourant une dizaine d'arbres siège un coffre rempli d'écrous. Par quelque don de prestidigitateur, les organisateurs sont parvenus à leur donner, aux yeux des participants, assez de valeur pour qu'ils s'en disputent la propriété lors de combats à mort.

Corbeau s'approcha du coffre en farfouillant dans ses poches. Il y laissa tomber une petite poignée de monnaie supplémentaire. Nos oreilles, aiguisées par l'avarice, décodèrent le tintement : 25 écus.


Ca représentait six repas. Ca allait chier.


"On entre deux par deux. Deux dans l'arène au début, les deux autres quand je dis top."


Sur les trois côtés équidistants de l'hexagone derrière lesquels se massaient les factions, deux scouts enjambaient la mince barrière, un foulard enfoncé dans l'arrière du pantalon. Non, pas enfoncé à ce point à l'arrière, espèce de dégoûtant.

Le principe est simple(comme toujours. On a déjà tellement de peine avec, les règles complexes, on peut oublier) si on vous prend votre foulard, vous êtes morts, vous n'insistez pas, vous desserrez les mâchoires afin de libérer le bras de votre adversaire et vous sortez de la zone, vil manant que vous êtes.

Tant que vous réussissez à le garder, par contre, vous vous gavez les poches de pièces et sortez en courant. Ou, si vous aimez prendre votre temps sans que les fauves vous agressent (ambiance Fort Boyard) vous pouvez zigouiller tout le monde (Usez avec prudence du terme "zigouiller" quand vous vous adressez à Loup-Garou qui a, disons, un peu de mal avec les métaphores) et vous servir une fois le calme ramené.


Il y eut plusieurs variantes de ces arènes, notamment une avec un seul bras et une aveugle(Très rigolotte) où les coéquipiers devaient hurler des indications à l'usage des joueurs. PHOTOS !


Un joueur pendant la variante aveugle, en train de chercher des pièces parmi les feuilles mortes. Pauvre âme.

Photos des factions avant la partie :


Les 1012 couz' colonialistes !

Les expansionnistes, qui ont une telle soif de grandeur qu'ils se montent les uns sur les autres pour gagner quelques centimètres.

Un t-shirt Vautour est dissimulé parmi les culs corps magnifiques de la faction royaliste, sauras-tu le trouver ?


Il va falloir beaucoup de ritaline, là.

Thibault contre Moret. Je m'interroge incroyablement sur qui va gagner.

Tout le monde contre tout le monde.



*

* *





Veillées

Quand le soir tombe sur le camp, que les lampes de poche, timidement, trouvent le chemin des mains et des fronts et que l'ombre des arbres rend le monde gris, il est temps pour les badges feu de transférer les braises du foyer de la cuisine jusqu'au coin veillée, afin de lancer le feu de veillée, de préférence grand (pour bien éclairer et réchauffer) mais pas trop (Histoire qu'on puisse être à moins de trois mètres sans se consumer).

En effet, comme on ne peut pas suivre Secret Story (Bon sang, quatrième édition déjà de cette misère intellectuelle, vous vous rendez compte ?) on est obligé de faire des chants, des jeux, des énigmes (le "c'est quelqu'un qui", j'ai pas trouvé, ce sera pour l'année prochaine). Mentionnons juste le "On ne va pas au ciel" qui, à l'origine, consistait à, simplement, faire des calembours, voire même pas, et qui, au sein de la troupe est devenu une grosse tribune à clash qui permettait de régler ses différents par voie orale (Non, je sais à quoi vous pensez, concentrez-vous, un peu)





5ème jour

En fait, je suis resté coincé aux toilettes avec mes notes du cinquième jour et pas de PQ. Donc bon. J'ai dû sacrifier le fruit de mon badge reporter pour mon confort.


Je serais donc bien en peine de vous dire ce qu'on a fait, ce cinquième jour.


6ème jour

Là, par contre, je serai intarrissable. Notamment parce que nous avons subi une injustice inqualifiable dans le déroulement du jeu. Tout commençait simplement, pourtant… *Jingle de Harpe, en mode "flashback"...*


Des postes, des cartes, des indices, Youpiyah ! Cherchons le trésor !

On creuse des trous en lisière de la forêt, là où le parchemin(j'abrège, parce que sinon on va s'ennuyer) indique que le coffre est enterré. On déterre des petits monticules dans l'espoir qu'un de ces terriers ait été creusé par nos CTs et non par les taupes qui ont parsemé la terre de fausses pistes. Derrière nous, le terrain de Gourdball (qui, finalement, n'accueillera pas de Gourdball) au bout duquel un talus s'accroche à la forêt, juste à côté de la voiture de nos chefs qui, assis dans le coffre, nous hurlent des ordres supplémentaires, agacés par notre manque de réussite ou amusés de nous voir courir dans tous les sens sous leurs instructions.

Avant que les expansionnistes n'arrivent, on avait éventré tous les trous. Sauf un.


On l'avait pas vu. Eux si. Ils donnent deux coups de pelle, attrapent la poignée ainsi dégagée avec une facilité déconcertante, presque préparée et hissent le coffre dont se déversent des flots de poussière. Puis ils repartent, en nous laissant sur le cul.


Des témoins affirment avoir vu des billets transiter de la poche d'Hervé à celle d'Epervier par le biais d'une poignée de main, quelques secondes avant l'exhumation du trésor. Je dis ça, je dis rien, hein.



*

* *


Aurélien a quitté, sans espoir de retour, le camp, la brigade et le reste de l'univers scout. C'est gentil de sa part d'avoir dit au revoir à tout le monde.


*

* *


Le sixième soir, c'était la veille du départ en week-end de patrouille, retour provisoire à la civilisation. Alex avait amené parmi la tonne de vivres qui lui permettaient de survivre, indépendamment du système des quêtes et des repas payants, des bracelets phosphorescents (Ou fluorescents ? Ah, en fait je m'en fous) qui nous permirent de donner à notre cuisine des airs de dancefloor improvisé pendant une rave party. Bien entendu, j'ai bondi pour m'emparer d'un rouge. On a ensuite mis au point, avec corneille, une chorégraphie tecktonik qui permettait de tracer un V vautour incandescent dans les airs et… Bref.


Les week-ends de patrouille mutaient gentiment en week-end de troupe, puisque les pumas s'étaient déjà greffés au projet Lynx, qui a été sabordé par le départ d'Aurélien. En plus, la pluie compromettaient nos envies de luge d'été et autres négociations avec la gravité, aussi nous nous réunîmes pour un projet commun…

mercredi 25 août 2010

Camp d'été // PART ONE // Constructions






Voici venu le temps du CAMP D'ÉTÉ, durant lequel nous allons mettre le monde et l'hygiène entre parenthèses pendant deux semaines. Palpitance et minution guident nos mains tandis qu'elles s'affairent autour de nos baluchons, la veille du départ, priant pour ne rien oublier. Une nuit de sommeil agitée par nombre de songes précède notre départ en fanfare dans la gare de Lausanne…


1er Jour

Les gens arrivent les uns après les autres, plus ou moins à l'heure. Les sacs s'entassent déjà sur le pavé du Hall de gare où, à Noël, un triomphant sapin vient occuper la moitié de la place. On a plaisir à revoir ces visages, absents de nos vies depuis quelques semaines déjà. On entrevoit déjà des costumes de chevalier dépasser des sacs, ici ou là (Et puis, il y a les frimeurs, comme moi, qui débarquent but en blanc avec leur gros bouclier peinturluré d'un vautour à deux têtes.) Et puis…


"– Oh putain, comme c'est trop classe !

–Fais voir, fais voir !

– C'est en quoi ?

– Putain, ça vous ferait mal aux seins d'arrêter de pousser, derrière ?!"


Tant d'agitation ne pouvait qu'attirer l'attention des chefs(arrivés à l'heure, bien entendu) qui écartèrent la marée humaine pour approcher de la source de l'attention générale. Les plaques Vautour. Oui, parce que j'ai oublié de vous en parler, mais je me suis arrangé pour pour les refondre et en refaire pour tous mes gars et leur apporter à ce camp.

Alors ouais, c'est trop classe, faudra qu'on fasse des photos avec, mais bref. Une fois passée l'exaltation du "wah-vous-êtes-trop-des-mastas-vous-savez-fondre-du-métal", on se rend compte que ce n'est qu'un presse-papier frappé aux armes de la patrouille, ce qui ne sert à rien.



Allez, sac au dos ! Départ ! Nous dûmes partager le wagon avec une véritable chorale de soudards switzerdütsch, décidés à singer les colonels suisses romands, sous les clameurs de leurs camarades, bière à la main (Oui, il est huit heures du matin, oui, normal). Le train transita par Bulle pour nous larguer à Romont.

Thibault et Hervé, dans le train à l'aller. Mais... Qu'est-ce qu'on va faire d'eux ?



Une marche de sept kilomètres nous conduisit à Chavannes-sous-orsonnens.


"DIX-DOUZE ! REPREZENT PVL ! CHAILLLYYYY !"


Euh ouais. La marche :

Les Pumas au grand complet.

"CHEF, CHEF, POURQUOI TU PRENDS DES PHOTOS ?"

Ce fut ensuite l'heure du pique-nique rituel qui introduit toute activité d'une certaine ampleur (Camps, week-ends, 100 kils). C'est à cette occasion qu'on put voir qu'Eric/Corbeau aurait tout aussi bien mérité le totem de "Raptor". Cet ancien CP Vautour, actuellement CTA Perceval, passé maître dans l'art de se nourrir aux dépends d'autrui, fond sur votre nourriture aussi vite qu'un… Ben, un corbeau sur un cadavre fraîchement pendu.


Je mastiquais avec ostentation, affamé que j'avais été par les 7km de marche, quand je vis, DRAME, qu'il rodait autour de moi. Je n'eus pas le temps d'esquisser la moindre prise de karaté que ses dents fonçaient déjà sur mon sandwich comme autant de lignes de panzers allemands sur la Pologne le 1er Septembre 1939. Puis, GNAP ! il repartait avec une morse et répétait la manoeuvre cinq pas plus loin.


Photo extraite du dossier dentaire d'Eric. Il s'agit d'une radio de sa deuxième molaire supérieure gauche. On peut voir une carie en formation sur le haut du canon.


Notamment, en plongeant à pleines mains dans le sac de chips de Mathieu.

"Hééé prends pas tout, Eric !", s'énerva Mathieu en écartant ledit sac de chips de sa portée, sans se soucier de son sandwich, qu'il haussait inconsciemment, de son autre main, vers la mâchoire du CTA. Jeune et inconséquent Mathieu ! Première leçon de Sun Tzu : la diversion ! Et GNAP ! En plein dans le sandwich. Espérons que ça t'apprendra.


Une seule personne parvint à échapper à la puissance de feu du Corbeau, je lui laisse le soin de s'annoncer, via les commentaires.


On put ensuite débuter les constructions, le moment le plus chiant, donc. D'abord l'abri. On a mis trois heures pour lancer la corde d'assurage, manquant de tuer trois-quatre personnes.


Sur ces deux photos, les Lynx cherchent un moyen de tuer accidentellement des gens, histoire de toucher l'argent de l'assurance. "Vise ceux qui ont leur foulard", peut-on lire sur les lèvres de Poulpe.


Puis il fallut qu'Hervé s'y fasse suspendre au détriment de sa virilité et monte à l'égyptienne afin d'accrocher la corde à l'arbre.

"C'est ta mère que j'monte à l'égyptienne !"


Ah, oui, un des trips majeurs du camp. Comme vous l'aurez compris, le "C'est ta mère" consiste à rebondir sur un phrase de façon dégradante pour la génitrice de l'autre, généralement dans une dimension sexuelle. Mais revenons à nos moutons,

La montée à l'égyptienne consiste à attacher autour de l'arbre à escalader des boucles avec des noeuds d'alouette. Dans la boucle qui pendouille, il faut glisser votre pied. Ensuite, accrochez la deuxième boucle sensiblement plus haut. Elle sera destinée à soutenir votre autre pied. Pendant que vous êtes accroché sur la deuxième boucle, enlevez votre pied de la première, restez en équilibre. Mais tenez un peu mieux que ça, bon sang, vous tanguez. Bon. Maintenant baissez-vous, desserrez la boucle inférieure et remontez la largement plus haut. Tirez dessus, en veillant bien à ne pas les croiser, sinon vous resterez ridiculement coincés (pas vrai, Coyote ?).

Bref, vous avez compris pourquoi on assure le grimpeur avec une corde, histoire qu'il ne rejoigne pas les statistiques mortuaires estivales.




Regardez-moi ce garde forestier…

ERIC, TECKTONIK !!!



"Attends, tu veux dire que vous réfléchissez même pas deux secondes à "on pourrait se foutre sur un tabouret" et vous suspendez direct un mec par les burnes ? C'est sévère."



Les constructions furent supervisées par l'ultime CT (John/Ourson) et les CTA Corbeau, Épervier et Chouette.


"Et ben, ça, c'est chouette, hein !"


Autre trip, mais pas drôle. Le totem de Chouette. Bref. S'ajoutait à cette fine équipe Ludo/Poulpe, ancien CP Lynx qui n'a plus réellement de statut au sein de la Troupe, ce qui rend son geste aussi aimable (aucune responsabilité ne le retient) que peu risqué (si il nous bute en nous écrasant avec une poutre, la justice ne l'inquiétera pas, c'est pas lui le chef). Il nous a d'ailleurs pondu un frigo hyper-fonctionnel. J'en profite pour le remercier (M-E-R-C… Non ? Bon, d'accord).


Constructions


Traditionnellement, les Pumas s'occupent de construire les toilettes, assumant le penchant scatophile évoqué dans leur chant de bouffe "Gare au Puma" : (sur l'air de "Gare au gorille" de George Brassens.)



Gare au pumaaaaa-aaaaAAa-aaaa-aaaa !


C'est armés de notre appétit

qu'aux cuisines nous nous rendons

y voler le repas d'autrui

et nous l'enfiler jusqu'au fion


C'est l'estomac bien rempli

de nourriture et de boisson

que nous nous rendrons au lieu-dit

pour y couler un bel étron


Bon appétiiiiiiii-iiiiIIIIiiii-iiii-iiiit !



En parallèle, les Vautours s'occupent de la table, en l'occurrence ronde pour coller à l'ambiance médiévale de ce camp, placé sous notre thème de prédilection : les chevaliers.

Inutile de dégoiser sur notre voracité bien connue et le lien qu'elle entretient avec les plaisirs de la table. Je suis d'ailleurs parvenu à m'esquinter tous les doigts en la construisant. Même un doigt de pied. Si c'est pas l'exploit.

"– Corneille, tu peux me tenir ça ?
– Euh, ouais, bien sûr, pourquoi ?
– Pour RIEN ! HAHA !"
"Putain, niveau géométrie, encore des lacunes, vous savez pas ce que c'est qu'un ROND, les vautours ?"

Pierre se la touche pendant les constructions. Littéralement.



Quant aux Lynx, ils s'occupent de la cuisine parce que… Ben… Parce que ce sont nos larbins, tiens. Remarquez, elle biche, cette cuisine, des établis et tout.

MAIS !

…Car il y a un "mais". Cette cuisine a été entièrement pompée sur celle du camp PVL 2006 !

Hé ouais ! Et je le démontre, photo à l'appui, sortie du plus sérieux des blogs pumas !


La cuisine d'il y a quatre ans…


…Et celle de cette année !

(Bon, là on voit pas bien parce que c'est pas le bon angle mais elles sont PAREILLES ! IDENTIQUES ! TRAVAIL DE CHINOIS, LES LYNX ! PAS BIEN !)


Et sur le devant de la cuisine, on voit les poubelles, où aucun écriteau ne vient signaler quelle poubelle correspond à quel type de déchets, non, de l'écriture, vous n'y pensez pas ! On a simplement cloué les déchets associés.

"Litlle less civilization and little more action please !" aurait chanté Elvis.


Le soir même on put enfin manger un truc cuisiné, ce qui marqua le début des badges cuistots et de la chevalerie. La chevalerie c'est un bout de tissu qui vous pendouille à l'épaule. Pour l'obtenir, il faut faire la vaisselle du camp, et ce, avec des instruments plus sales encore que les choses à laver. La vaisselle de 20 personnes durant deux semaines. Vous êtes aidés en cela par les autres qui font leur chevalerie, bien sûr.

Vous comprenez évidemment toujours pas le rapport avec la chevalerie (excepté que vous pensez qu'on fout des chevaliers partout, à toutes les sauces) eh bien, à l'époque ou leurs adversaires se retrouvaient souvent écrasés sur leurs armures, les chevaliers, je vous garantis qu'ils devaient poutzer pour les oter ces morceaux de cervelle tous collés. Et à l'époque, éponge, produit vaisselle, connaît pas, ils y allaient à la morgenstern. Bien entendu, ceux qui l'ont passée savent que la chevalerie, c'est beaucoup plus que de la vaisselle… Il faut également se montrer serviable sur l'ensemble. Si après que vous ayez gratté des couches de rösti mazout cramé, corps et âme, jusqu'à en perdre vos ongles, des heures durant, on vous réquisitionne pour aller chercher des jerricans de 20 litres, vous ne pouvez pas répondre "Va mourir, chef. Je viens de faire ma chevalerie, trouve un autre glandu."


2ème jour

les constructions sont finies. On a bêché, pioché, cloué, scié, toute la journée. On a l'impression que des cloques nous ont poussé sur les phalanges.


Parlons un peu des toilettes. Puisque les pumas ne sont que quatre trois deux, ils reçurent un peu d'aide. Julien Moret se proposa pour creuser le réceptacle fécal, il s'installa entre trois arbres, pioche en main.


Excavateur Moret 2000. Marche.


Son bras bougea si vite qu'il était flou. Une tonne de terre jaillit instantanément du trou.


Excavateur Moret 2000. Arrêt.


L'excavateur Moret 2000, livré avec son turban égyptien d'origine.


Au-dessus de la fosse, on relie trois arbres par des planches fermement ligaturées et clouées pour faire tenir cette passerelle saillante sur le vide. Le tout fut entouré de carrés militaires afin de garantir un minimum d'intimité aux utilisateurs.

L'intimité, un concept abstrait, en camp. Votre chambre, confortablement aménagée, où vous pouvez habituellement rester les burnes à l'air sans qu'on vous fasse le moindre reproche, est remplacée par une tente de tissu ou s'entassent cinq personnes. Bon, vous pouvez toujours rester les bourses apparentes, mais bon, la saveur n'est pas la même.

Mais ces chiottes sont surélevées au point que les passants peuvent se livrer à un examen scatologique approfondi de votre recyclage de nourriture, par l'interstice qui sépare les carrés du sol. Il est déplaisant que tout passant puisse apercevoir le fruit de nos entrailles.


L'autre problème, c'est que votre pantalon retroussé sur vos chevilles laisse choir le contenu de ses poches. Et combien de stylos, combien de PACCIF, ont-ils chuté sans retour dans la fosse d'immondices ? Quel désespoir, que de voir glisser notre bic en contrebas (Ah, merde, non, pas mon stylo bille, putain !) s'arrêter à l'extrême-bord du gouffre empli de miasmes humains (Ouf ! Au moins, je pourrai faire mon badge reporter !) puis tomber lamentablement dans un gros tas de merde molle. (*Sanglots longs*)


En plus des robots, un autre moyen d'accélérer la production, c'est l'esclavage, un goût du travail payé au fouet qu'on partage avec l'Égypte Ancienne (rappelez-vous de la "montée à l'égyptienne", si c'est pas du boulot de singe). C'est pourquoi nous importons nos serviteurs.

Ils viennent d'Europe de l'Est, ils se grattent les testicules à coups redoublés, ils puent la mort, ce sont…

…Les anciens CPs Vautour !


Loic/Hyène, Marc-Henri/Rat et Lucien/Coyote, venus balayer la pseudo-prédominance Lynx au sein du campement. Ils on fait, quoi, 27h de train pour rallier Chavannes-sous-orsonnes, construire une tour de malades, manger comme quatre et s'enfuir aussi sec vers d'autres horizons, probablement couverts de bancs et de bière.

Sans s'étendre sur le sujet rappelons que la Hyène, le Rat et le Coyote, en plus de leur connotation morbide, sont réputés pour leur puanteur. Ils ont réussi à parfumer tout un coin de forêt en étendant leurs affaires aux quatre vents et, lorsqu'on vient à s'écarter d'eux quand l'odeur a eu raison de notre tolérance, ils ne se vexent pas, conscients de leur propre pestilence. (à leur décharge, signalons qu'ils ont été contraints par le sort à empaqueter leurs affaires humides sous la pluie, ce qui leur laissa tout le loisir de moisir pendant le voyage.)

Le plus beau, c'est qu'à la fin on puera deux fois plus.


Au soir du deuxième jour, une tradition pluriséculaire fut piétinée : Les tentes patrouilles furent mélangées, nonobstant les liens indéfectibles qui les unissent. J'ai abouti dans la tente cuistot, tous sauf moi font leur badge. Point positif : le budget bouffe est largement gratuit puisqu'ils ont moitié prix. En effet, cette année, pas question de laxisme : vous devrez faire des quêtes pour gagner de l'argent et payer vos repas, tas de feignasses. Et c'est pas parce que le système a foiré toutes les années précédentes que ça va pas marcher cette fois-ci. Point négatif : ils se lèvent plus tôt, pour préparer des tartines, et me réveillent par la même occasion lorsqu'ils s'extraient de leur sac de couchage avec moult froissements, qu'ils tentent d'enfiler leur pantalon, qu'ils s'encoublent dedans et s'abattent sur leurs voisins, etc.


Nos augustes CTs nous laissèrent ensuite la soirée pour barricader nos tentes. Mais quel danger implacable mérite-t-il qu'on s'entoure de pareille protection ? Mystère... Toujours est-il qu'il y eut trois stratégies de défense la nôtre(entasser des branches) celle de Moret (creuser un fossé autour. Putain, t'en as pas marre de creuser ?) et celle d'Hervé (étendre des carrés militaires sur des ficelles même pas tendues). Ce fut ensuite l'heure de s'effondrer dans nos lits de fortune, épuisés par les constructions...



lundi 23 août 2010

Le Gourdball expliqué à vos mamans.



Votre maman ne vous laisse plus aller aux scouts qu'à contrecoeur depuis que vous en revenez toujours plus couverts d'ecchymoses et d'écorchures ? Vos vêtements en lambeaux lui déplaisent (alors que vous lui faîtes faire de substantielles économies de lessive en les portant trois mois d'affilée) ? Elle ne supporte plus que vous vous adonniez à ce "sport de sauvages" qu'est le Gourdball ?


Principes de base : description d'une partie.


On désigne un terrain, de préférence plat, sur lequel deux foulards sont placés à distance raisonnable. C'est d'ailleurs la seule chose raisonnable qu'on peut déceler dans ce jeu. Deux équipes sont ensuite désignées, d'une façon ou d'une autre (on a nos méthodes). Puis, c'est au tour de la balle d'apparaître au grand jour : souvent une balle de rugby, parfois une gourde, une bouteille en PET, un sapin ou un louveteau, parce qu'il faut bien rire, non mais.

Ensuite, la vindicte populaire va assigner une étiquette d'arbitre à l'un des chefs présents. En réalité, dans l'esprit de tout le monde, son nom c'est "La-feignasse-qui-a-peur-de-se-faire-mal-alors-il-joue-pas". En effet, "arbitre" est ici un mot creux : il ne saurait être question de véritables restrictions dans le Gourdball (Oui, avec majuscule, tas de cons) et donc pas d'arbitres, au sens propre du terme. Ce serait comme vouloir installer un détecteur de fumée en enfer. Tout au plus, ce sinistre personnage tient-il le rôle de maître de cérémonie, déplacer la balle, tout ça. Par ailleurs, la règle d'or, en matière d'arbitrage, c'est "y'a pas faute".


Chaque équipe se voit assigner un foulard derrière lequel elle va se placer. A égale distance des deux factions, l'arbitre va lancer la balle en l'air et se mettre à l'abri. Il a bien raison, parce que dès que la balle a touché terre, GO ! C'est le signal pour ces deux tas de musculatures de s'élancer l'un vers l'autre au ralenti sur de grands airs du Carmina Burana. Même cible, même objectif pour les deux cohortes : la balle.


Une fois qu'ils l'ont leur but, je ne le répèterai pas, c'est de


METTRE LA BALLE DANS LE FOULARD ADVERSE


On doit l'y plaquer entre la main et le sol. Interdiction de la lancer ou de la poser avec une autre partie du corps, ou de déplacer les foulards, ou encore de se coucher dessus.




Le gars qui a rien compris dit :


Hah ! Mais comme y'a pas d'arbitre, qui c'est qui va faire respecter ces règles-là, gros malin ?



Ben c'est simplement que si vous les enfreignez, vous vous faîtes déloger de votre situation frauduleuse à coups de genoux dans la tronche, c'est vous qui voyez, gros malin. C'est un peu le concept de la dissuasion nucléaire : ne trichons pas et peut-être que certains en sortiront vivants.


Variantes

Selon la date ou l'humeur, on joue diverses variantes afin de coller à l'ambiance.


Snowball :

Moment adéquat : Noël.


Se joue dans la neige avec un sapin en guise de balle. Les épines écorchent la paume des mains, y creusant des sillons qui permettent aux engelures de pénétrer plus profondément. C'est un truc de Durandal, quoi. Si, sur le terrain, y'a une vieille souche pour s'empaler dessus c'est encore mieux.


Bloodball :

Moment adéquat : à la fin du camp d'été Perceval.


Tradition Perceval. Se joue dans un terrain de ronces et d'orties. Les règles en sont assez tristes. Quand c'est votre premier camp, vous n'avez le droit qu'à un caleçon et à vos chaussures. Le but, semble-t-il, c'est de répandre notre ADN par les champs. Des tonnes de ronces doivent encore avoir un goût de sang assez particulier qui doit attirer nombre d'animaux sauvages. Cette pratique est déconseillée par tout bon médecin, étant donné que se blesser là où a giclé le sang de tout le monde est aussi prudent que de boire dans les seringues de Jo, qui habite place de la Riponne numéro… Ah ben non, place de la Riponne, tout court.


Bref, on prie pour que personne n'ait l'Hépatite A, le Sida où que sais-je encore.

Et puis l'année prochaine, j'ai droit à un t-shirt, je crois. Ca m'évitera de m'écorcher les tétons.



Rubiksball :

Moment adéquat : Quand le Rubik's Cube est de nouveau à la mode.


Il s'agit d'utiliser une Rubik's Ball (voir photo) en guise de balle. Il faut la compléter avant de marquer un point, c'est pourquoi la défense a intérêt à le mélanger. A ma connaissance, on n'y a jamais joué. On est pas fous, non plus.


Le porte-drapeau :

Moment adéquat : Quand les petits sont trop chiants.


Chaque équipe désigne un joueur, généralement le plus petit et le plus chiant (Étonnamment, ces deux propriétés se donnent souvent rendez-vous dans la même personne) pour être le porte drapeau. Il porte un foulard, le reste de l'équipe, non. Ce joueur, c'est la balle. Il faut le porter pour le plaquer dans une zone définie. Au contraire d'une balle de rugby ou d'une bouteille de PET, le porte-drapeau ne reste pas tranquille et s'enfuit, ce qui ajoute du piquant.



"Bon, c'est fini de nous soûler avec tes règles à la con ? On va enfin pouvoir se foutre sur la

gueule, oui ou merde ?!"




L'origine du jeu


Quoiqu'elle se perde dans les tréfonds des débuts du scoutisme, il est une histoire qui court sur les lèvres de chacun, sans qu'il puisse avec précision expliquer d'où il la tient. Deux éclais se disputaient la proprieté d'une gourde, sous le regard fatigué de leur chef. Celui-ci, plutôt que d'écouter un passionnant étalage d'arguments pour ensuite juger avec équité, voulut se faire Roi Salomon, et utiliser une méthode choc pour trancher. Il leur ordonna de mettre foulard à terre et de se placer derrière.

Ensuite de quoi, il lança la gourde et annonça qu'elle serait au premier qui la ramène à son "goal".

Seulement voilà, dans l'urgence et la fatigue qui marquent chaque instant de l'apostolat d'un CT (voire CP) il avait oublié de promulguer les lois usuelles qui limitent habituellement nos débordement physiques : "pas de coups", "rangez vos couteaux", "étranglements et luxations sont interdits" ou "les fractures on aimerait éviter, merci bien".

Mais surtout il avait oublié de préciser que les combattants devaient se débrouiller seuls. C'est pourquoi leur camarades, surgissant des horizons simultanés, se joignaient désormais à l'étalage de barbarie qui entourait la flasque.

On ignore quel bégaiement du sort les a fait répéter l'expérience (J'imagine qu'ils avaient tous des gourdes identiques dans cette troupe) mais toujours est-il que la contagion avait pris et que l'infection se répandait désormais : le Gourdball (toujours avec majuscule, 'spèce de débutant) était né.


C'est du moins ce que prétend la légende.

Nan, je déconne, je viens d'inventer absolument tout ça. Mais vu la complexité du jeu (hum) il serait improbable qu'on l'ait créé volontairement.


Plus sérieusement, notre sport national serait issu de la soûle, une espèce de rugby embryonnaire médiéval qui eut beaucoup de succès en France sous l'Ancien Régime. En dépit de son nom, la soûle n'est pas un jeu à boire et on n'y trouve aucune gonzesse ivre. Enfin, en temps normal. Un match réunissait les hommes valides de deux ou trois villages adjacents. Souvent, on y jouait avec une balle de chiffons. Notable différence : au lieu d'avoir deux goals, un pour chaque équipe, elles doivent toutes deux marquer au même endroit. Vous imaginez les conflits que ça peut engendrer quand deux joueurs plaquent la balle simultanément. Le jeu était également plus violent (J'entends déjà les anciens de la brigade ricaner et râler : "ben moi, de mon temps, le Gourdball c'était autre chose que vos passes de tapettes, là. Alors ça m'étonnerait que ton truc médiéval ce soit plus violent.") et il n'y avait pas de frontière entre joueurs et public, vous pouviez entrer en jeu à tout moment.

Le match prenait fin quand il n'y avait plus de joueurs valides en jeu. Nous sommes légèrement plus civilisés. Nous, c'est l'heure du goûter qui vient clore les festivités.


Plaidoyer pour un noble sport : le Gourdball


I. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort (ou paraplégique, si t'as pas de chance)

Bon, d'accord, vous venez de vous fracturer le bras sous l'action conjuguée de votre pote, de son élan inconsidéré et de la gravité, soit. Mais cessez de geindre un peu et songez que votre humerus se ressoudera plus épais qu'avant ! Ainsi, grâce à une chute malencontreuse je peut m'enorgueillir d'avoir une rotule droite plus large et plus épaisse, ce qui me fournit un intarissable sujet de conversation pour aborder des inconnues dans la rue.


II. La douleur est une information

…Et les informations, on sait le crédit qu'il faut leur accorder, hein ? Dîtes-vous que votre corps, c'est un gros blagueur, un gars qui dramatise tout le temps, qui exagère, un racaillon marseillais. Et les influx nerveux qui vous font croire que vos muscles sont déchirés ou que le contrôle de votre bras vous échappe (notamment parce qu'un adversaire, dans un excès de zèle vous a arraché ledit bras avec les dents) sont aussi crédibles que les affabulations d'un vendeur d'aspirateurs.


III. La souffrance comme mode exploratoire du corps

Souvent, au plus fort du massacre de la partie, vous avez mal à des parties de votre corps dont vous négligiez jusqu'à l'existence. Quand vous avez été piétiné par toute une troupe de la BM, il est beaucoup plus facile de compter vos côtes et dénombrer vos vertèbres : vous les sentez.

Bien entendu, il arrive que, ivre d'adrénaline et de vitesse, votre conscience de votre propre corps s'efface. Et, quand vous retrouvez votre lucidité, une fois le point marqué, il se peut que l'inventaire de vos organes laisse transparaître une carence d'une ou deux jambes. (Nous rappelons qu'une très sérieuse étude, menée je-sais-plus-où mais probablement aux Etats-Unis, affirme que le nombre idéal de jambes se situe au alentours de deux. Plus précisément 2,017 d'après les résultats de l'étude.)


Un exemple récent de ce genre de personnes qui se surpassent, par une sorte de transe, leur condition bassement matérielle, c'est Husky, dernièrement. A la St-George, en fait. Après s'être explosé la jambe sur Julien Moret, comme un ouragan s'écrase sur l'Himalaya (ledit Moret n'ayant presque pas bougé, malgré le choc, c'est lui, l'Himalaya). Husky a encore parcouru cinq mètres à une cadence peu banale avant que je ne tente de l'arrêter. Après quelques secondes de mêlée, il s'effondre à terre, inquiétant l'assemblée.

Sa jambe sclérosée, qu'il tentera d'apaiser par des flots d'analgésique, le gênera sur la longueur. Après les trente et les cinquante kils (Formation CP. D'ailleurs Husky, si tu passes par là, tu penses qu'un ou deux articles sur cette volée de la formation CP, ça peut intéresser des gens ?) il s'avouera vaincu et ne tentera pas les cents kils. Il semble d'ailleurs poursuivi par une étrange malédiction qui l'empêche de prendre part à cette compétition. Mais l'année prochaine , nul doute qu'il y participera et, espérons, entrera au panthéon des vainqueurs de cette épreuve.



Le gars qui a rien compris dit :


C'est qui Husky ?


Si tu es un Perceval, tu devrais avoir honte d'avoir posé cette question, d'ignorer les remous des totemisations qui prennent forme chaque été. Gageons que vous êtes d'une autre faction, histoire d'épargner votre vie. Husky est le totem d'Hervé, CP Lynx PVL de son état, mais pas tout à fait encore, parce que ça a pas été dit officiellement.


Mais bon, vous pourriez vous informer, quand même.




Le gars qui a rien compris dit :


Ouais, mais avant on pouvait les lire dans la Cloque les totémisations, et là on nous en promet une depuis des siècles et pis on a que dalle. Han ! Les chefs ils sont tous nuls.



Ah mais non, tu n'as rien compris, ce n'est pas de la faute des responsables (j'adore cette phrase : "ce n'est pas de la faute des responsables". Tellement absurde). C'est VOTRE faute, à vous les gars, les sans-responsabilités qui auraient tout le temps pour écrire des articles de qualité pour remplir la Cloque. Là, notre journal est creux, exsangue, livide. Oui, livide, car rempli de pages blanches et de fichiers Word vides.




Le gars qui a rien compris dit :


Ouais mais toi t'en a plein des articles sur ce blog, ils ont qu'à les foutre dans la Cloque.


Au-delà de problème éditoriaux lié à mon style et mon humour, ils disent qu'ils sont trop longs.




Le gars qui a rien compris dit :


Heu, des articles trop longs pour un magazine vide... J'veux dire, c'est pas comme si ils manquaient de place, je croyais qu'on avait justement pas d'articles.



Malgré tes handicaps, tu mets le doigt sur un sujet qui me laisse perplexe. Mais bref, Il est temps de clore cette parenthèse et d'achever cette dissertation sur le Gourdball.



IV. Le Gourdball est un sport

Et il semblerait que le sport compte parmi les rangs des forces du bien. Le sport, c'est la santé, dit-on.



Épervier dit :


On dit aussi que le travail, c'est la santé. Tu sens pas l'arnaque ? Genre "mange tes épinards et tu seras fort comme Popeye". Saleté de propagande.



Épervier, pas de mauvais esprit, s'il te plaît.


Excepté Churchill, qui survivait uniquement parce qu'il s'est embaumé à force de brandy et de cigares, et Épervier (qui, d'après les gens qui ont eu à subir ses services, n'a pas de coeur) les êtres humains doivent optimiser leur système circulatoire (poumons + coeur) s'ils veulent prolonger un peu leur vie au delà des cinquante ans.

D'autre part nous recevons régulièrement des fonds d'une mystérieuse loge franc-maçonnique organisation sobrement baptisée "Jeunesse et Sport".

Pour la jeunesse on fait ce qu'on peut mais, mine de rien, nos vertes années filent déjà à l'horizon, comme autant de météores et les années s'entassent au compteur de nos patrouilles. On n'a pas le temps de se retourner que les charmants bambins qui emplissaient nos rangs ont pris huitante centimètres, du poil au menton, et qu'une voix de baryton a chassé les harmoniques lutines de la douce mélodie nasillarde qui s'échappait jadis de leurs lèvres.

Donc côté jeunesse, tout fout le camp. On essaie de rattraper ça côté sport ?



Épervier dit :


Naaaaaaaaan !!!


Eeeeh si. Et l'été prochain j'vais convaincre certains de mes gars de faire le badge sportif. Ils viendront te chercher jusque dans ton lit, Épervier, même les murs de la tente chef ne te protégeront pas. Ils te feront t'agiter en rythme dans la fraîcheur du matin, faisant crisser tes muscles rouillés par l'inactivité. Mouahahahah.


Bref, dernier point, sur lequel je conclurai.


V. Le Gourdball est un VRAI sport

Au contraire du football, les meilleurs gourdballeurs ne sont pas transferés de brigade en brigade pour des sommes mirobolantes.

Et, au moins, quand on voit un mec se tortiller de douleur par terre, on sait que c'est pas juste pour avoir un penalty.



Post-Scriptum :

Je cherche activement des photos de parties de Gourdball pour illustrer cet article. Si vous en avez des chouettes, faîtes les moi parvenir par ce mail, je vous en serai très reconnaissant.